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262. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Le Président est un bon Peintre ; mais ce n’est qu’une Galerie où on les expose, & non les Acteurs qui se peignent par leurs actions. […] C’est un des endroits de l’Ecriture que les Juifs ne laissent pas lire aux jeunes gens, & que l’obscene Auteur, Officier Irlandois, dit-on, expose sur le Théatre aux yeux de tout le monde : inceste du beau-pere avec sa belle-fille, prostitution de celle-ci, adultere dans tous les deux ; profanation détestable du mariage par deux maris, que Dieu punit d’une mort subite ; une femme dans un grand chemin, qui s’offre au premier venu, & se livre pour un chevreau ; Juda, qui la trouve, & sans autre cérémonie a si brutalement commerce avec elle, qu’il ne s’embarrasse pas même de la voir, & la laisse toujours voilée. […] Ces traits sont beaux, mais non sans exemples, Les histoires présentent fréquemment, & Melpomene met souvent sur le Théatre des peres & des meres qui s’exposent à la mort, à l’esclavage, à la perte des biens pour leurs enfans, des enfans pour leurs peres, les femmes pour leurs maris, des amis pour des amis, des sujets pour leurs Rois, sans compter les innombrables amans qui dans les romans s’immolent, du moins veulent s’immoler pour leur maîtresse.

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