L’Académie Françoise devroit suivre l’exemple du Monarque, ne pas adopter les représentans des passions, qui devroient leur être plus étrangers que les Ministres de l’Empereur de la Chine ne le sont à Versailles ; sur-tout dans un état si saint, qui ne doit respirer que la vertu, & dont les dérangemens autorisent si sort le vice. […] Il applique cette morale à l’Histoire, & elle est ici plus recevable : il veut en élaguer les méchans princes & les mauvaises actions, & ne présenter aux enfans que de bons exemples. […] Une pareille idée ne m’est jamais venue, & je ne saurois l’adopter : le vice couronné familiarise avec l’idée du crime, & l’exemple persuade bien plus éloquemment & avec plus de force, que les exhortations ne portent à la vertu : elles arrivent toujours trop tard, quand le mal est fait. […] La différence des vices des rois & des vices des sujets n’est pas facile à comprendre ; les mauvais exemples produisent par-tout le même effet, & ceux de particuliers sont plus dangereux, parce qu’ils sont plus à la portée, & plus faciles à imiter. […] Autre paradoxe : il veut, malgré toutes les regles, qu’on prenne dans la Tragédie les leçons & les exemples des princes, & dans la Comédie ceux des particuliers, pour inspirer l’horreur & le mépris du vice, à l’exception du libertinage, qu’on n’évite que par la fuite, & pour lequel le Spectacle est le plus grand danger.