Admonentur quid facere possint ; quand les exemples des héros, leurs sentiments, leurs discours, leurs actions, leur bonheur, jusqu’à leur infortune, tout autorise la passion : Admonentur quid facere possint, & inflammantur libidine. […] Des exemples généraux si je passe aux particuliers ; parmi les Auteurs sacrés, j’entends un Augustin qui se cite lui-même en témoignage ; & avec cette noble franchise, si digne d’un vrai Pénitent, avoue que c’est sur le théâtre qu’il respira par les oreilles & par les yeux tout le venin qui corrompit son cœur. […] Et vous, Messieurs, avant que de prétendre contre-balancer le poids de ces exemples par l’expérience de notre siecle, commencez par me prouver que notre siecle est innocent. […] Car n’est-il pas étonnant que pour nous prouver que le théâtre n’est point dangereux, on ose se donner pour exemple ? […] Et quand il seroit vrai, ce que vous dites à présent, que vous êtes toujours sortis innocents du spectacle, encore faudroit-il conclure avec un grand Docteur : Premiérement, qu’à raison du scandale, autorisant par votre exemple des personnes qui peut-être y périront, & dont Dieu vous redemandera les ames ; secondement à raison du danger auquel vous vous exposez, danger moindre si vous voulez, pour vous que pour d’autres, mais toujours vrai danger pour vous, c’est toujours un vrai péché, un péché grief pour vous, qui que vous soyez, d’y assister.