La Miladi théologienne, qui trouve dans Shakespear un traité complet de morale, prétend avec raison que l’exemple fait plus d’impression que les préceptes, & qu’un drame offre l’un & l’autre (& même étaie l’un par l’autre). […] Pour dix ou douze exemples de vertu qu’elle a trouvé dans son poëte, on pourroit lui en apposer cent de vice. […] A nombre égal, le vice l’emporte toujours sur la vertu, un mauvais exemple fait plus de mal que vingt bons exemples ne sont de bien, un mauvais livre perd plus d’ames que plusieurs bons livres n’en sauveront, une actrice sera commettre plus de péchés que dix femmes de bien ne feront pratiquer de bonnes œuvres, sur-tout au théatre où les cœurs sont si mal disposés, & les prétendus prédicateurs appuient si peu le bien par leur exemple, & au contraire favorisent le mal, & travaillent à le répandre. […] Les matérialistes pourroient tirer parti de ces exemples, pour établir leur systême. […] A l’exemple de l’Opera de Londres, l’Académie royale de Musique, établie à grand frais au Palais Cardinal, fait rire par la magie de ses machines, & endort par la foiblesse de ses vers, dans les ouvrages mêmes corrigés.