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435. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Cette secte dangereuse, dit-il, a employé toutes les ressources, & pour étendre la corruption elle a empoisonné les sources publiques ; éloquence, poësie, histoire, romans, jusqu’aux dictionnaires, tout a été infecté, & nos Théatres eux-mêmes, ont renforcé les maximes pernicieuses dont le poison acqueroit un nouveau dégré d’autorité sur l’esprit national, par l’affluence des spectateurs & l’énergie de l’imitation. […] L’Académie Françoise ne voulut jamais recevoir ce réformateur, quoiqu’il le méritât par son esprit, & son génie autant que Racine, Campistron, Marivaux, Voltaire, Quinaut, Marmontel, & tous les Poëtes dramatiques qu’elle a reçus avant & après lui. […] Le programme parle ainsi : Il faut bien développer le caractère de son génie poëtique & tragique, ainsi que l’influence qu’il a eue sur notre Théatre, sur notre poësie en général, peut-être sur nos mœurs (si cela est, il ne les a certainement pas réformées), & sur notre maniere de penser, enfin sur l’esprit qui a regné dans le beau siecle de Louis XIV, sur les hommes supérieurs même dans les genres de pur agrément. […] C’est un esprit fort qui se joue de tout, un homme sans religion qui ne croit rien, qui ne respecte rien, qui affiche, s’il l’ose, du moins qui insinue adroitement ses principes & sa liberté de penser, un libertin sans mœurs, qui sous un ombre de décence & de probité se livre à ses plaisirs. […] Ce n’est que faute d’esprit qu’on ne sait rien voiler, qu’on voile mal, qu’on descend aux équivoques beaucoup plus méprisables que les nudités gauloises don notre délicatesse rougit.

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