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397. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Les Théâtres, depuis ceux du premier ordre jusqu’aux tréteaux de la foire, (C’est ainsi que s’appelaient, il y a quarante ans, les entreprises Nicolet, Audinot et Sallé, privilégiésb, obligés d’avoir spectacle aux enclos, connus sous les noms d’Abbaye Saint-Germain, des Foires Saint-Laurent et Saint-Ovide.) ne sauraient être trop censurés, tant les actions dramatiques, qu’on y représente chaque jour, ont d’influence sur toutes les classes et particulièrement sur la plus nombreuse, qui vient y chercher le délassement de ses travaux, plaisir toujours moins coûteux que ces orgies, qui laissent après elles des suites fâcheuses, mais qui n’est pas non plus sans danger pour tous les âges, et surtout pour les esprits faciles à s’ouvrir aux pernicieuses impressions d’une morale, parfois voisine de la dépravation. […] En prodiguant des secours aux deux blessés, je voulus, par de bonnes raisons, les remettre dans la bonne voie, je pris pour texte de mon sermon les bravades et leurs suites… L’esprit de Bossuet et de Fléchier revivait dans mon éloquente péroraison. […] Je me trouvai encore arrêté à la barrière du Roule par une affiche de spectacle extra-muros, dont la prétentieuse composition ouvrit un vaste champ à mon esprit observateur. […] L’esprit occupé de ce mont, que la fiction des poètes du premier âge a consacré au génie de tous les temps, je repassais dans ma mémoire tous les grands hommes que la reconnaissance des siècles a placés sur la double colline. […] Ce protecteur infernal n’avait plus rien de l’esprit de Lesage ; j’ai vu seulement qu’il avait continué ses excursions nocturnes sur les cheminées de notre capitale, car son jargon se trouve juste à la hauteur du jour ; on ne parle pas mieux, partout où le prétendu bon ton tient ses séances ; j’aurais autant aimé son ancien langage ; mais, de nos jours, le sens commun est une victime immolée à la mode, et l’esprit d’autrefois est presque un ridicule aujourd’hui.

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