Ce qui est admirablement dans la nature, que cet homme se soit mis dans l’esprit que sa fille trouve Panulphe aimable pour mari, à cause que lui l’aime pour ami, n’y ayant rien de plus vrai, dans les cas comme celui-ci, que la maxime, que nous jugeons des autres par nous-mêmes, parce que nous croyons toujours nos sentiments et nos inclinations fort raisonnables. […] Trait inimitable, ce me semble, pour représenter l’effet de la pensée d’une chose sur un esprit convaincu de l’impossibilité de cette chose. […] Avant que je vous le déclare, permettez-moi de vous faire remarquer, que l’esprit de tout cet Acte, et son seul effet et but jusqu’ici n’a été que de représenter les affaires de cette pauvre famille dans la dernière désolation par la violence et l’impudence de l’Imposteur, jusque-là qu’il paraît que c’est une affaire sans ressource dans les formes ; de sorte qu’à moins de quelque Dieu qui y mette la main, c’est-à-dire de la Machine, comme parle Aristote, tout est déploré. […] La première est sur l’étrange disposition d’esprit touchant cette comédie, de certaines gens, qui supposant ou croyant de bonne foi qu’il ne s’y fait ni dit rien qui puisse en particulier faire aucun méchant effet – ce qui est le point de la question – la condamnent toutefois en général, à cause seulement qu’il y est parlé de la Religion, et que le Théâtre, disent-ils, n’est pas un lieu où il la faille enseigner. […] Or ce plaisir, quand il vient des choses raisonnables, n’est autre que cette complaisance délicieuse, qui est excitée dans notre esprit par la connaissance de la Vérité et de la Vertu : et quand il vient de la vue de l’ignorance et de l’erreur, c’est-à-dire de ce qui manque de Raison, c’est proprement le sentiment par lequel nous jugeons quelque chose ridicule.