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128. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Il y a plus d’espérance pour les personnes, qui sont touchées des Spectacles, mais dont l’esprit n’est pas séduit ; qui sont faibles, mais qui l’avouent. […] Quand elles auront appris un jour de l’Ecriture et de l’Esprit de Dieu, en quoi consiste la vraie vertu, elles tiendront bien un autre langage. […] On se plaint de ce que par la faute de la Pièce ou des Acteurs l’esprit ou le cœur ont été laissés immobiles ; on a regret à l’innocence et à la tranquillité qu’on remporte. […] Enfin on ne voit plus rien de honteux, dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le Théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du Poète, et qu’elles ont été unies à dessein avec les vertus et le mérite dans des personnes que la Scène nous représente comme des Héros. […] Ceux même qui sont les plus passionnés pour les Spectacles, en sentent bien le vide et le faux, s’ils ont de l’esprit ; comme ceux qui aiment le monde, en connaissent bien l’injustice et la malignité, s’ils profitent de l’expérience : mais le cœur des uns et des autres n’en est que plus corrompu, d’aimer ce qu’ils sentent bien qui n’est pas aimable.

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