Une chose est agréable, ou le paraît ; et parce qu’elle est agréable, on l’aime ; et parce qu’on l’aime, on se figure qu’elle est bonne ; et à force de se le figurer, on s’en fait une espèce de conviction, en vertu de laquelle on agit au préjudice de la conscience et malgré les plus pures lumières de la grâce : or appliquons cette maxime générale aux points particuliers, surtout à celui que je traite. […] Car ils m’apprendroient des vérités capables non-seulement de me déterminer, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissements, une espece d’horreur. […] Peut-être en êtes-vous surpris : mais moi je ne m’en étonne pas, et sans une espece de miracle il falloit que cela fût ainsi. […] Je dis même avec une espece de bénédiction de la part du ciel, parce que vous ne vous y proposerez qu’une fin chrétienne, que vous ne vous accorderez ce repos que pour mieux agir, et qu’en ce sens vous sanctifierez, si je puis parler de la sorte, jusqu’à votre jeu ; mais tandis que le jeu l’emportera sur toutes vos fonctions, qu’il vous fera oublier tout ce que vous devez à Dieu, tout ce que vous devez au prochain, et tout ce que vous vous devez à vous-mêmes ; que vous n’y distinguerez ni les jours les plus solemnels ni les jours ordinaires, et que sans réserve toutes vos heures y seront employées, je dirai que c’est au moins une dissipation criminelle du temps que Dieu vous a donné, et une profanation dont vous aurez à lui répondre. […] Mais en second lieu, il y a, et j’en suis convenu d’abord, j’en conviens encore, il y a des récréations et des divertissements dans la vie de plus d’une espece : il y en a d’honnêtes, sans excès et sans danger, et voilà ceux qui vous sont accordés.