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17. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Je ne prétends pas en parlant de la Comédie traiter seulement de cette sorte de poème qui a premièrement, et plus proprement porté ce nom par l'institution des hommes; mais comme ce nom d'une espèce particulière est devenu en France un nom général qui convient à toutes les pièces de théâtre, soit qu'elles soient effectivement des Comédies, soit aussi que ce soient des Tragédies, ou des Tragi-comédies; c'est sous ce nom que j'ai prétendu examiner toutes sortes de Poèmes Dramatiques, et en général, par ce qu'ils ont de commun, et en particulier, par ce qui fait leurs espèces différentes. […] C'est pour cela qu'il est nécessaire d'en venir à un plus grand détail ; et après avoir dit ce qui est de commun à toutes les Comédies, et qui compose comme leur genre, il faut faire voir ce qui est de particulier dans chaque espèce, et discourir de sa nature et de son origine, en y joignant ses circonstances, et ses effets comme je me le suis proposé. Les espèces du Poème Dramatique sont, la Tragédie, la Tragi-comédie, et la Comédie: cette dernière a encore ses subdivisions ; car, si elle est entre des personnes communes, elle retient simplement le nom de Comédie ; et si elle a pour sujet une aventure de Bergers et de Bergères, elle s'appelle Pastorale: je laisse la dérivation de leurs noms à ceux qui ont traité de la Poétique, on la peut voir dans Jules-César Scaliger, si on a besoin d'en être instruit. […] Le Tasse, qui est l'auteur de la pastorale la plus belle et la plus délicate qui fût jamais, n'a pas cru se pouvoir dispenser d'introduire un satyre dans son Aminte, se faisant en cette occasion une espèce de religion de son immodestie. […] « C'est là que tu verras sur la terre et sur l'onde Le débris de Pharsale armer un autre monde, Et c'est là que j'irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs, Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu'ils suivent au combat des urnes au lieu d'Aigles; Et que ce triste objet porte à leur souvenir Les soins de me venger, et ceux de te punir. » On ne peut pas dire qu'en cet endroit le Poète ait voulu donner de l'horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune; au contraire, c'est par cette vengeance qu'il prétend rendre Comélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque.

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