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1. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

[P] Parade, espèce de Farce, originairement préparée pour amuser le Peuple, & qui souvent fait rire, pour un moment, la meilleure compagnie. […] On peut s’étonner que le véritable caractère de la Comédie ait été si long temps inconnu parmi nous ; les Grecs & les Latins nous ont laissé des modèles, & dans tous les âges, les Auteurs ont eu la Nature sous les yeux : par quelle espèce de barbarie ne l’ont-ils si long temps imitée que dans ce qu’elle a de plus abject & de plus desagréable ? […] Si nous sommes étonnés, avec raison, que la Farce de Pathelin n’ait point eu d’imitateurs pendant plusieurs siècles, nous devons l’être encore plus que le mauvais goût de ces siècles d’ignorance règne encore quelquefois sur notre Théâtre : nous serions bien tentés de croire que l’on a peut-être montré trop d’indulgence pour ces espèces de recueils de Scènes isolées, qu’on nomme Comédies-à-tiroirs. […] Souvent sans invention, & toujours sans intérêt, ces espèces de Parades ne renferment qu’une fausse métaphysique, un jargon précieux, des caricatures ou de petites esquisses mal dessinées des mœurs & de ridicules ; quelquefois même on y voit règner une licence grossière ; les jeux de Thalie n’y sont plus animés par une critique fine & judicieuse ; ils sont deshonorés par les traits les plus odieux de la Satyre. Pourra-t-on croire un jour que dans le siècle le plus ressemblant à celui d’Auguste, dans la fête la plus solennelle, le manque de goût, l’ignorance & la malignité aient fait admettre & représenter une Parade de l’espèce de celles que nous venons de définir ?

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