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72. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Il y a plusieurs erreurs de fait qu’un Académicien n’auroit pas dû faire, mais qu’on a cru y avoir été mises à dessein pour dépayser les lecteurs, afin qu’ils ne pussent en connoître les Auteurs. […] Offense-t-on impunément des gens de qualité qui sont tous les jours Rois, Empereurs, Héros, & un Tribunal au-dessus de tout soupçon d’erreur ou de partialité ? […] Ce laborieux Secrétaire, ce graud Vicaire rampant, ce flatteur assidu ne prodigueront plus leurs soumissions, leurs services, leurs louanges, pour obtenir un bénéfice, une autorité, une dignité dans l’Eglise ; & l’autel détruit la vapeur de l’erreur dissipée ; ils ne laisseront plus voir que le monceau de bois ou de pierre, dont la pompe faisoit une idole. […] Parmi tous ces ennemis qui nous font une cruelle guerre pour nous amuser, disent-ils, ils devroient dire pour nous perdre, la passion de l’amour est la plus dangereuse, par le penchant violent qu’y donne la concupiscence, par les crimes sans nombre qu’elle fait commettre, par l’empire souverain qu’elle exerce sur le théatre, ses attraits, ses dangers, ses objets, toutes les batteries qu’elle y dresse contre un cœur déjà demi vaincu, & qui aime sa défaite par les erreurs qui lui ouvrent toutes les avenues ; que c’est la foiblesse des Héros, l’amusement de la jeunesse, que la sévérité de la vertu est un ridicule ; par la réunion de mille autre ennemis, le chant, la danse, la pompe avec ses vanités, ses charmes & ses immodesties, par l’assemblage des deux sexes, avec tout ce qu’ils ont de séduisant, & de tous les libertins, avec tout ce que leur compagnie a de pernicieux.

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