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21. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Ils sont nécessaires à la société ; on peut légitimement leur donner pour les entretenir. […] On ne peut pas dire qu’elle soit nécessaire au soulagement, au délassement de l’homme, que le métier n’en est pas mauvais par lui-même, qu’on peut faire des dons aux femmes débauchées, pour les entretenir ; & quoiqu’on les tolère en quelques endroits, c’est de sa nature un mal absolu, sans modification. […] Augustin, qu’il cite, c’est un très-grand crime de donner aux Histrions, c’est les entretenir dans leur péché : Immane peccatum dare Histrionibus ; si quis sustentet Histriones, eos in peccato fovet. […] Il fait avec les plus grands éloges le détail de la vie de Spurinna, & remarque que pour rendre les repas utiles, ce sage vieillard de soixante-dix-sept ans, bien revenu de toutes les folies de la jeunesse, mêloit les avantages de l’étude avec les plaisirs de la table, & pour cela faisoit venir des Comédiens pour l’entretenir de choses utiles : Frequenter comædis cœna distinguitur ut voluptates quoque studiis condiantar. […] Il ne fait pas plus de grace à ceux qui fréquentent les spectacles, soit à cause des péchés qu’ils y commettent & de ceux auxquels ils s’exposent, soit en se rendant complices de ceux des Comédiens, qu’ils autorisent & entretiennent, juge les uns & les autres indignes d’absolution, & blâme les Casuistes & les Confesseurs relâchés qui leur administrent les sacremens, contre la fausse décision des Casuistes, qui n’y trouvent qu’un péché véniel dans plusieurs.

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