Je crois vous avoir démontré ci-dessus en citant Britannicus que notre goût pour l’amour n’était pas condamnable en lui-même, qu’au contraire les Auteurs Dramatiques auraient tort de ne pas respecter et profiter d’un des avantages de nos mœurs sur celles des autres peuples, qu’ils s’étaient sagement attachés à nous apprendre le parti que nous pouvions tirer en faveur de la vertu de notre penchant à l’amour, en indiquant aux cœurs bien faits les objets auxquels ce penchant doit les attacher ; et je crois qu’en ce cas il est aussi sage de défendre l’amour et de forcer les pédants à le reconnaître pour un sentiment sublime et délicat, qu’il serait absurde d’applaudir l’attachement intéressé d’un vieux avare pour une jeune personne, lorsqu’il n’évalue pour quelque chose les charmes de sa Maîtresse qu’après avoir fait attention à son coffre-fort, que la Vertu, la bonne conduite, l’économie ne lui paraissent pas dignes d’entrer en compte et qu’il passerait volontiers tous les vices à l’objet de son amour pourvu qu’elle eût autant d’écus que de mauvaises qualités.