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69. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Non, & il faut faire entendre à ce penitent que son esperance est une vaine confiance, & une presomption orgueilleuse ; & que c’est tenter Dieu que de penser eviter le peché, lorsqu’on demeure volontairement dans l’occasion, le Saint Esprit ayant dit que celuy qui aime le peril y perira, & Dieu ne donnant sa grace qu’aux humbles, & à ceux qui se deffient d’eux-mesmes. […] Cherchez devant toutes choses le royaume de Dieu , c’est a dire ma gloire, & vostre salut, & soyez assurez que le reste vous sera accordé  ; leur faisant entendre neanmoins que quand Dieu permettroit pour exercer leur patience, & pour accroître leur merite, qu’ils se vissent reduits dans la derniere pauvreté pour un temps, & mesme pour toute leur vie, il vaudroit mieux estre pauvre, & faire son salut, que d’estre à son aise en ce monde, & se trouver à la fin de ses jours engagé dans une eternité malheureuse. […] Qu’entend-on par le peché d’habitude pour lequel le Confesseur est obligé de refuser, ou de differer l’absolution ? On entend un peché mortel que l’on s’est accoutumé de commettre par beaucoup d’actions qu’on en a faites, en sorte qu’on se trouve dans une tres-grande difficulté, & dans une impuissance morale de s’empescher de le commettre, à moins que le cœur ne soit fort changé, & qu’on ne se soit beaucoup combattu. […] Le Confesseur doit témoigner sa fidelité à Dieu, & à son ministere dans cette occasion, demeurant ferme à refuser, ou differer l’absolution, & faisant entendre avec une sainte liberté au penitent, que s’il veut se perdre & se damner, il ne veut pas contribuer à sa perte, ny se damner avec luy : mais il le doit faire en témoignant beaucoup de douceur, de compassion, & de charité paternelle pour son penitent.

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