C’est un peché plus grand que plusieurs ne le croyent, de contribuer à l’entretien des Acteurs de ces méchantes Pieces, & d’autoriser par sa presence, par sa bienveillance, & par son appuy, des personnes dévoüées à corrompre les mœurs ; c’est trahir sa conscience, & le salut public, que d’entretenir les plus dangereux ennemis de Dieu, que de nourrir & de soûtenir les causes des plus grands maux que les hommes ayent à craindre. […] Nostre esprit est si peu disposé à resister à un plaisir qu’il vient chercher, & où les sens ne sont pas moins interessez que luy, qu’il ne peut se resoudre de se défendre contre des sujets qu’il ne considere pas comme ses ennemis, parce qu’ils sont tout leur possible pour luy plaire. […] Pourquoy recevoir l’épée de la justice, si l’on ne s’en sert point contre ces ennemis declarez du Ciel, & de l’Estat ? […] Les bons prennent quelquefois le goût du mal en voyant representer ces Pieces ambiguës, le mal s’insinuë jusques dans leur cœur, à la faveur de ces belles apparences, sans qu’ils s’en soient presque apperçus : Des ennemis déguisez sont quelquefois dans le cœur de la ville, sans que personne les ait vû entrer ; & comme on ne reconnoist que ce sont les ennemis, que quand ils commencent à tuer, à brûler, à piller, ces personnes ne remarquent les méchantes qualitez de ces Pieces, que quand leur cœur est pris, & qu’il est passé de la vertu à l’indifference, de l’indifference au peché, du peché quelquefois à la coûtume, à l’insensibilité, à l’impudence. […] Ce siecle qui surpasse les precedens dans la Religion, & dans les armes, qui triomphe des ennemis de l’Eglise, & de l’Estat avec un succés si glorieux, égaleroit sans peine les precedens par un établissement si raisonnable, si chrestien, si avantageux, si necessaire, & si aisé.