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32. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Or, Monsieur, puisqu’il est presque impossible de traiter cette matière sans appeler le christianisme au secours, Dieu qui connaît si bien la faiblesse des hommes, ne leur a pas dit pour rien, soyez sur vos gardes, veillez et priez, pour ne point entrer en tentation, imaginez-vous que l’ennemi est toujours aux portes ; ce qui est, ce me semble, une manière d’avis au Lecteur ou au Spectateur, comme vous voudrez, des Tragédies, dans lesquelles on se livre de gaieté de cœur à la représentation des passions. […] Baillet, que Molière est un des plus dangereux ennemis que le démon ait suscité aux bonnes mœurse ; que son poison, tantôt subtil, tantôt grossier, s’insinue à la faveur de ses agréments, et que si les portes de l’Enfer pouvaient prévaloir contre la morale du Christianisme, ce serait à Molière à qui l’on en aurait l’obligation. […] Pour moi, je me tiens déjà à demi battu, quand je considère à quel illustre ennemi j’ai à faire : mais au moins j’aurai toujours un avantage, qu’il n’est pas en votre pouvoir de me contester ; c’est celui, Monsieur, d’être avec plus de respect et de dévouement que personne, Votre très humble, et très obéissant serviteur.

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