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239. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Conclusion, à ce que disent ceux que les bigots font passer pour athées, digne d’un ouvrage si saint, qui n’étant qu’une instruction très chrétienne de la véritable dévotion, ne devait pas finir autrement que par l’exemple le plus parfait qu’on ait peut-être jamais proposé, de la plus sublime de toutes les Vertus évangéliques, qui est le pardon des ennemis. […] Je ne feins pas de vous avouer, que ce sentiment me paraît un des plus considérables effets de la corruption du siècle où nous vivons : c’est par ce principe de fausse bienséance qu’on relègue la Raison et la Vérité dans les pays barbares et peu fréquentés, qu’on les borne dans les Ecoles et dans les Eglises, où leur puissante vertu est presque inutile, parce qu’elles n’y sont cherchées que de ceux qui les aiment et qui les connaissent ; et que comme si on se défiait de leur force et de leur autorité, on n’ose les commettre où elles peuvent rencontrer leurs ennemis. […] Je rends apparemment un très mauvais service à Molière par cette réflexion, quoique ce ne soit pas mon dessein ; parce que je lui fais des ennemis d’autant de galants qu’il y en a dans Paris, qui ne sont pas peut-être les personnes les moins éclairées ni les moins puissantes : mais qu’il ne s’en prenne qu’à lui-même.

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