celuy se trompe bien fort qui en faict ce iugement, celuy est tyrã qui prend l’habit d’vn tyran, celuy qui se faict Dieu se reuolte contre Dieu, celuy n’a pas voulu porter l’image de Dieu qui porte celle d’vn Idole, qui vouldra gaudir auec le Diable ne pourra s’esiouyr en Iesus Christ, nul ne se iouë seurement avec vn serpent, nul ne se iouë impuneement auec le Diable, s’il nous reste tant soit peu de pieté, si nous auons esgard à nostre humanité, si nous auons soing du salut de nostre prochain, retirons ceux qui courent ainsi à toute course à perdition, qui sont rauiz á la mort, sont emportez aux enfers & sont precipitez à la gehenne : Que le pere donc retire son enfant, le maistre son seruiteur, le parent son parent, le citoyen son concitoyen, l’homme l’homme, & tous les Chrestiens, qui se transforment en bestes, iumens, pecores, demons, & celuy, qui les deliurera rẽportera le loyer, qui le mesprisera commettra offense, biẽ-heureux est celuy qui se garde de ne faire chose que bien a point, & qui est soigneux du salut d’autruy. […] Si jadis entre les Payens l’object de la statue & de l’image de l’Empereur arrestoit toutes violences & immodesties, que c’est object du Roy des Roys, de l’Empereur des Empereurs, de ceste Emperiere & Royne mere de Dieu que l’Eglise nous met deuant les yeux en memoire de l’incarnation, mette fin à noz folies & irreuerences plus que payennes : Sur ce subject ie vous allegue vne histoire escrite par Pierre de Montboissier le venerable Abbé de Cluni & Auuergnat, discourüe par Huës Abbé de loüable memoire son deuancier, en plain chapitre la veille de Noel : Sçachez mes freres que Dieu sera auec nous en ceste saincte iournee, qu’il s’esiouyt de voz appareils & s’attend à vostre deuotion seruiable, sçachez außi que le Diable de l’autre part ennemy & enuyeux de vostre felicité s’efforcera d’offusquer la splendeur de ceste iournee & de vos bonnes œuures, ou d’amoindrir la gloire de ceste festiuité, vn de voz freres (parlant de luy) a veu ceste nuict la vierge mere de misericorde tenant sur son giron son fils qu’elle a enfanté ceste nuict, & a veu vne multitude d’Anges qui l’enuironnoit, ce petit enfant, Dieu tressailloit de ioye & applaudissoit des mains & dressant son visage riant & sa parole vers sa mere, vous voyez dit-il ma mere la nuit de ma natiuité remplie d’allegresse, en laquelle les oracles des prophetes & les hymnes des Anges se renouuelleront, & toutes les creatures celestes & terrestres se resiouiront de ma naissance de vostre ventre virginal, où est maintenant la perfidie de l’ennemy damné ?