Tout le théatre de Moliere est également ennemi du mariage ; par-tout quelque infidélité dont on rit, des maris & des femmes qui s’insultent, se maudissent, se battent, dont on badine ; des enfans révoltés contre leurs parens qui s’engagent sans leur aveu, les trompent, les volent, les forcent à se rendre à leur folle passion ; des domestiques fripons, des fourbes, des hommes d’intrigue, qu’on récompense. […] Ce temps expiré, vous userez de vos droits avec une intention pure & sainte, & dans la crainte du Seigneur, non par un mouvement de passion, mais par le désir de participer aux bénédictions que Dieu accorde aux enfans d’Abraham : Accipiet virginem cum timore Domini, amore filiorum magis quàm libidine ductus. […] Pendant ces trois nuits nous nous unirons à Dieu, car nous sommes les enfans des Saints ; nous ne devons pas nous unir comme les Gentils (les Comédiens), qui ne connoissent pas Dieu. […] Qu’on ramasse quelques plaisanteries triviales sur l’infidélité, l’indépendance, la domination des femmes, la jalousie, la honte, la simplicité des maris, la révolte des enfans, la fripponnerie des domestiques, les artifices de quelque intriguant, quelque mensonge pour cacher la passion, on aura vû Moliere, Poisson, Gherardi, & tous les théatres ensemble. […] Point d’état où il y ait plus de peines, de dangers & de devoirs : lien indissoluble, qui ne finit qu’avec la vie : obligation de travailler au salut l’un de l’autre, à celui des enfans & des domestiques, dont on doit rendre compte à Dieu, par conséquent d’instruire, veiller, corriger, édifier par une vie chrétienne : se supporter mutuellement dans ses défauts ; à quoi n’expose pas un mari une femme ambitieuse, des enfans dérangés, avec lesquels il faut passer la vie ?