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95. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Je ne dis pas que ç’a été une morale fondée sur des raisons propres et particulieres : je vous l’ai déjà fait remarquer, et je le repete ; ils n’employoient point d’autres raisons que nous, ils n’en avoient point d’autres ; ce qu’ils disoient contre le théatre et contre ces assemblées mondaines d’où nous tâchons de vous retirer, c’est ce que nous vous disons ; et tout ce qu’ils disoient, c’est ce que nous avons le même droit qu’eux de vous dire. […] Car ce que je puis encore compter parmi les divertissements criminels, et ce que je mets dans le même rang, ce sont ces histoires fabuleuses et romanesques dont la lecture fait une autre occupation de l’oisiveté du siecle, et y cause les mêmes désordres ; entretien ordinaire des esprits frivoles et des jeunes personnes : on emploie les heures entieres à se repaître d’idées chimériques, on se remplit la mémoire de fictions et d’intrigues toutes imaginaires, on s’applique à en retenir les traits les plus brillants ; on les sçait tous, et les sçachant tous on ne sçait rien. […] Excès dans le temps qu’on y emploie, excès dans la dépense qu’on y fait, excès dans l’attachement et l’ardeur avec laquelle on s’y porte, tout cela contraire aux regles de la vraie piété et aux maximes éternelles de la loi de Dieu. […] excès, non-seulement dans le temps qu’on y emploie et dans la dépense qu’on y fait, mais dans l’attachement et l’ardeur avec laquelle on s’y porte.

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