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22. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Ajoûtez à ces belles règles une multitude d’invectives, de sarcasmes & de grossieretés contre les maîtres, les pères, les maris, de loup-garoux, d’Argus, de Turcs, de vieux foux, de dragons, d’esclaves, de verroux, de grilles, &c. qui ne sont rien moins que des traits d’esprit, jargon dont on déclare gravement qu’il ne faut que rire, que toute la jeunesse apprend par cœur & emploie à tout moment, vous aurez une analyse exacte de l’école du théatre, & des mariages à la Moliere. […] Sans doute il va gagner sa maîtresse par des caresses & des fêtes, corrompre ses domestiques par des promesses & des présens, faire agir des amis par des sollicitations, employer des hommes d’intrigue, tromper les parens, se déguiser, cacher sa marche, &c. […] les Anges ne jouent point la comédie : il n’emploie encore que des vûes de religion. […] C’est le père de la fille qui les unit & prononce ces belles paroles que l’Église emploie dans la célébration du mariage : Que le Dieu d’Abraham, d’Isaac & de Jacob soit avec vous, qu’il vous unisse & vous comble de bénédictions. […] La mère, pour la consoler, n’emploie encore que cette sauvage, cette incommode religion.

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