/ 235
3. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

L’émulation était si grande entre ces deux Acteurs, qu’Auguste, a qui elle donnait quelquefois de l’embarras, crut qu’il devait en parler à Pylade, & l’exhorter à bien vivre avec son concurrent, que Mécène protégeait : Pylade se contenta de lui répondre, « Que ce qui pouvait arriver de mieux à l’Empereur, c’était que le Peuple s’occupât de Bathylle & de Pylade. » On croit bien qu’Auguste ne trouva point à propos de repliquer à cette réponse. […] Macrobe raconte, que Pylade se fâcha un jour qu’il jouait le Rôle d’Hercule furieux, de ce que les Spectateurs trouvaient à redire à son geste trop outré, suivant leurs sentimens, & qu’il leur cria, après avoir ôté son masque, « Foux, que vous êtes, je représente un plus grand fou que vous. » Après la mort d’Auguste, l’art des Pantomimes reçut de nouvelles perfections* : sous l’Empereur Néron, il y en eut un qui dansa, sans Musique instrumentale ni vocale, les Amours de Mars & de Vénus. […] L’Histoire des Empereurs Romains fait plus souvent mention des Pantomimes que des Orateurs célèbres. […] Ces factions dégénéraient quelquefois en partis aussi échauffés les uns contre les autres, que les Guelfes & les Gibelins peuvent l’avoir été sous les Empereurs d’Allemagne. […] Il est vrai que les Pantomimes furent chassés de Rome sous Tibère, sous Néron, & sous quelques autres Empereurs ; mais leur exil ne durait pas long-temps : la politique qui les avait chassés, les rapelait bientôt pour plaire au Peuple, ou pour faire diversion à des factions plus à craindre pour l’Empereur, Domitien, par exemple, les ayant chassés, Nerva les fit revenir, & Trajan les chassa encore.

/ 235