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62. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Je prie le Lecteur de faire attention à ce sage précepte d’Aristote ; « Pour connaître si une chose est bien ou mal dite, ou bien ou mal faite, il ne faut pas se contenter d’éxaminer la chose même, & de voir si elle est bonne ou mauvaise ; il faut avoir égard à celui qui parle ou qui agit2. » Ce passage du Philosophe Grec empêchera qu’on ne puisse triompher en attaquant le Théâtre moderne ; cet axiome est même construit de manière qu’il est difficile de trouver des fautes dans l’ouvrage le plus mauvais, tant il offre d’excuses, & de moyens de se disculper. […] On ne peut s’empêcher d’être étonné qu’un grand homme, tel que Mr. de Voltaire, ait tant désiré les doubles Croches des Musiciens. […] On est si accoutumé à voir la Scène-moderne remplie de savetiers, d’une troupe de manans, de misérables laboureurs, qu’on ne peut s’empêcher de s’écrier, lorsqu’il paraît un Poème à ce Théâtre dans lequel on fait agir des Acteurs d’une condition un peu distinguée ; nous serons donc enfin dans la compagnie d’honnêtes gens !

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