Si ces vérités glissent sur les scélérats décidés, elles trouvent dans le cœur des autres une entrée plus facile, elles s’y fortifient quand elles y étaient déjà gravées ; incapables, peut-être, de ramener les hommes perdus, elles sont au moins propres à empêcher les autres de se perdre ». […] Je conviens qu’il y a, aujourd’hui, quelque police extérieure, cela n’empêche pas qu’il n’y ait par semaine quelques coups d’épée reçus ou donnés, mortels ou non, par suite de querelles survenues entre les jeunes gens qui assistent à ces Spectacles. […] Je ne vous ai entretenu, jusqu’à ce moment, Monsieur, que des vices, des accidens & des désordres auxquels les Spectacles du Boulevard donnent lieu ; je ne saurais m’empêcher de parler du nombre assez considérable des individus perdus, pour l’Etat, qui composent ces troupes toujours mal montées. […] Les Politiques, les fameux Législateurs de la Grece & de Rome, dont les Codes sont passes jusqu’à nous, & forment encore la base de nos Législations modernes, ont-ils jamais pensé que, pour amuser le petit Peuple & les oisifs de profession, il fallut leur fournir les moyens dangereux de tuer le tems qui leur pese, & leur ouvrir des écoles de libertinage & de paresse, pour les empêcher de mal faire ? […] Je ne puis m’empêcher d’observer, 1.° que l’on doit trouver fort étrange la Police d’un Peuple qui tolere des écoles meurtrieres, sous le prétexte de fixer un moyen infaillible de s’assurer de quelques bandits.