Si les idées sont ce qui frappent le plus dans les Poëmes des Anciens, dans ceux des Etrangers, & dans les notres mêmes ; s’il y a parmi nous plus de lecteurs sensibles aux idées qu’aux expressions ; si nous avons des ouvrages bien écrits, qui n’ont pas réussi ; si quelques-uns de nos Auteurs se sont acquis une haute réputation, sans s’attacher à la partie du style ; enfin, si l’expression ne fait un grand effet que quand les pensées ont un grand éclat ; les deux premieres questions énoncées plus haut seront décidées. […] Les objets ne nous touchent que par rélation ; & cette rélation, le fruit des apparences sensibles, est sans effet, quand nous n’avons point d’idée de ces apparences. […] Car l’imagination est à cette Poësie, ce que la cause est à l’effet ; & ces deux choses ne doivent jamais être prises l’une pour l’autre ; quoique ce qui est cause dans un cas, puisse devenir effet dans un autre.