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38. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

« Si l’on veut regarder la Comédie dans son progrès et dans sa perfection, dit ce pieux Prince, soit pour sa matière et pour ses circonstances, soit pour ses effets ; n’est-il pas vrai qu’elle a traité presque toujours des sujets peu honnêtes, ou accompagnés d’intrigues scandaleuses ? […] « Quels effets peuvent produire ces expressions accompagnées d’une représentation réelle ; que de corrompre l’imagination, de remplir la mémoire, et se répandre après dans l’entendement, dans la volonté, et ensuite dans les mœurs ? […] Il est vrai qu’elle ne fait pas ces effets dans toutes sortes de personnes: mais il est vrai aussi qu’elle les fait dans un grand nombre, qu’elle les peut faire dans toutes, et qu’elle les doit faire même plus ordinairement, si on considère de bonne foi quel est l’empire naturel d’une représentation vive, jointe à une expression passionnée sur le tempérament des hommes. […] Et quand même ces effets, que je n’ose faire entrevoir, ne s’en suivraient pas, n’est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion ? […] Lactance dans l’Abrégé qu’il a fait de ses Institutions, dit qu’un des effets funestes de ces Chansons, est de laisser dans le cœur une très grande disposition au crime et au libertinage ; en sorte que ceux qui les aiment et qui en font leur divertissement, se laissent facilement engager dans le désordre et dans l’impiété.

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