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317. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Les Molé, les Doligny, les Préville, les Auger, les Dazincourt, ont beau déployer toute la magie de leurs talens, c’est tems perdu, leur talisman n’a plus d’effet ; nous ne voyons, nous n’admirons que des Suzon & des Jeannot. […] Chaque siecle a eu ses épidémies, celle du nôtre est de tout voir en petit, & de ne faire que du très-petit, effet déplorable de la corruption du Goût24, de la perte des talens, & de l’aveuglement de l’esprit, occasionnés par les idées maigres & retrécies, que nos enfans vont puiser aux Spectacles des Remparts. […] Or, comme tout ce qui frappe les yeux & les oreilles dans ces assemblées, n’occasionne que les impressions obscenes, il s’en fuit, Monsieur, que je n’exagere point dans le compte que je vous rends, de tous les effets pernicieux des Trétaux. […] Mais si cette douceur, cette honnêteté tant rebattues, ne sont que des mors vagues, des expressions parasites, qui ne signifient rien à force d’être répétées sans cesse ; si par malheur les mœurs publiques sont corrompues, si les mœurs particulieres sont détestables, les notions du bien & du mal, changées, la Religion tournée en ridicule, la nature traitée de chimere, on n’a plus à chercher la cause de tant de forfaits multipliés, on la reconnaît dans ses effets. […] Rousseau, dans sa Lettre sur les Spectacles, en parlant de leur effet.

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