/ 414
279. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Même principe de vanité, même envie de tromper, même effet de séduire d’abord un moment, & de déplaire quand il est connu ; quoique les moyens soient différens, les prétextes spécieux, les airs compassés, les expressions recherchés, sont des couleurs empruntées, des artifices pour se couvrir & en imposer. […] Ses distractions, ses bévues, ses méprises, ses bizarreries ne sont que l’effet de l’indolence. […] Le mauvais effet de cet enthousiasme est d’autant plus dangereux que l’auteur, l’homme d’esprit & de mérite, est un ecclésiastique que la sainteté de son état doit lui faire plus séverement condamner les spectacles, qu’il paroit dans tout son livre exactement zéle pour la religion & pour les mœurs, & que même sa bonne morale sur le théatre perce quelquefois à travers les éloges dont il le comble, & devoit être le contre-poison du bien qu’il en dit. […] Ce portrait affreux des effets du spectacles, ce mépris insultant des hordes des histrions ne sont pas d’un homme suspect de morale sévere, ni en faveur d’un héros trop zélé catholique, ni hasardé sans conséquence dans un ouvrage frivole & obscur, ni approuvé par des juges prévenus contre la comédie, ni se glissant furtivement sous la main d’un écrivain peu attentif : c’est l’approbation la plus réfléchie, la plus éclatante, la plus authentique ; l’Académie la plus éclairée la confirme par un prix glorieux qui n’est destiné qu’au mérite d’un ouvrage supérieur à celui de ses concurrens.

/ 414