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67. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Si les Ecclésiastiques et les Religieux doivent s’abstenir des spectacles, les gens qui font une profession particulière de piété, qui sont censés plus recueillis, plus mortifiés, plus attentifs à leurs devoirs, éloignés des plaisirs du monde, en garde contre les occasions du péché, pleins de respect pour les choses saintes, ne scandalisent-ils pas quand ils prennent part à ces plaisirs pour le moins suspects ? […] On blâme, avec raison un Religieux, un Ecclésiastique qui se permet, je ne dis pas des discours obscènes, mais même des frivolités et des bouffonneries, ce que les canons appellent, bouffonnes et gaillardos. […] A plus forte raison sont-elles infiniment opposées à la sainteté de l’état Ecclésiastique, et déplacées sur des lèvres qui prononcent les paroles divines de la consécration et des sacrements, et annoncent les grandes vérités du christianisme. […] Les ordonnances de nos Rois et les arrêts des Parlements ont constamment défendu, sous peine de prison et de punition corporelle, de porter sur le théâtre, non seulement les ornements sacerdotaux, mais même les habits ordinaires des Ecclésiastiques et des Religieux : les paroles de l’Ecriture sont-elles moins respectables ? […] Les ordonnances ne parlent pas non plus des rôles Ecclésiastiques ou Religieux, qu’on aurait pu, en les déguisant, introduire sur la scène, sans encourir les peines, puisque la loi ne les défend pas ; mais on voit bien que c’est l’esprit de la loi, et toutes les fois qu’on a pris de pareilles licences on ne l’a pas fait impunément, et d’ailleurs un rôle sans un habit conforme est ridicule et sans agréments.

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