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28. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Envain le sujet d’un Drame serait admirable, son stile aurait beau être châtié, clair & sublime ; s’il est dénué du secours de la vraisemblance, ses charmes s’évanouissent, l’esprit indigné se révolte, & l’on siffle impitoyablement ce que l’on regarde comme des Fables. […] Je dois avertir que le Possible n’est pas tout-à-fait éxclu du Théâtre ; il ne faut lui déffendre l’entrée des Drames, qu’autant qu’il s’agit d’événemens surnaturels, ou qui n’arrivent que rarement dans le monde. […] Le Poète éxaminera soigneusement si son sujet est vraisemblable ; les principes que je viens d’établir pourront peut-être l’éclairer ; il éloignera tout ce qui rendrait merveilleux les incidens de son Drame ; il fera ses éfforts afin de s’approcher de la Nature. […] Aristote veut avec raison que le Poète soit libre de disposer son Drame comme bon lui semble34. […] Je finis en observant que la vérité n’est presque jamais la bâse des Drames en général, c’est toujours le Vraisemblable ; ce n’est donc pas la vérité qu’on doit s’éfforcer de saisir, mais c’est ce mêlange adroit du Vrai, du Possible & des choses conformes à nos idées.

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