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94. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

L’Abbé Conti, noble Vénitien, homme savant, grand voyageur, mauvais Poëte, eut la fureur d’aller à Londres apprendre l’art dramatique, & y devint Anglomane. […] Une mort prématurée l’appella au Tribunal de Dieu où l’abandon de sa vocation, sa licence dramatique, son libelle, sa vengeance ne furent pas apparamment des titres à la gloire du Ciel. […] Ces productions fort inférieures pour l’élégance du style aux poesies galantes & dramatiques de l’Abbé de Voisenon, ne sont ni plus ecclésiastiques, ni plus utiles. […] Calderon fut un Poëte Dramatique inépuisable, il étoit si fécond, que, quoiqu’il n’ait travaillé qu’assez tard, il a rempli de ses Drames neuf gros Volumes in-4°, & autant qu’on n’a pas jugé digne de l’impression ; il avoit servi avec distinction ; Philippe IV l’aimoit & lui donna ce Canonicat. […] L’Abbé de Voisenon, dont nous avons souvent parlé, étoit si entousiasmé du Théatre, que l’Almanach des Spectacles 1777 rapporte que Voltaire lui ayant lu sa Mérope, cet Abbé transporté s’écria : c’est un chef-d’œuvre dramatique, c’est la meilleure de vos Tragédies.

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