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79. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Sa fureur ridicule pour le théâtre parut avec éclat dans la composition des pièces dramatiques, dans la persécution qu’il suscita au Cid, dans la construction d’une salle de spectacle dans sa propre maison, et, ce qui est encore plus, il trouva le théâtre fort licencieux en actions et en paroles, et l’y laissa. […] Il s’est trompé : nos dramatiques plagiaires, ou, si l’on veut, antiquaires, n’y ont fait qu’une fort modique récolte, à quelque conte plaisant près, et quelques autres obscènes, que pour cela même on a mis en œuvre. […] Cette belle trouvaille n’ayant pas satisfait le Ministre, il fit composer et composa lui-même des pièces dramatiques, qui malgré la pourpre ne valaient guère mieux. […] Le Cid ne répandit pas moins une consternation générale dans tous les Auteurs dramatiques, qu’il éclipsait, ou plutôt qu’il anéantissait en quelque sorte, par l’immense disproportion de tous leurs ouvrages les plus estimés, qui ne paraissaient auprès de lui que des ébauches d’écolier. […] Corneille en fut piqué et consterné, s’en plaignit amèrement, avec hauteur et avec bassesse : il était Auteur, et Auteur dramatique.

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