« Pour les Spectacles qui consistent autant dans les discours que dans les actions, comme furent autrefois les disputes de Théâtre entre les Poètes Epiques ou Dramatiques, ils sont non seulement utiles, mais absolument nécessaires au peuple pour l’instruire, & pour lui donner quelque teinture des Vertus morales. […] « La principale règle du Poème dramatique est que les Vertus y soient toujours récompensées, ou pour le moins toujours louées, malgré les outrages de la fortune, & que les vices y soient toujours punis, ou pour le moins toujours en horreur quand même ils y triomphent. […] « Mais les Comédiens n’ont jamais reçu cette disgrace, ayant toujours été traités avec honneur par les personnes de grande condition & capables de toute société civile ; ce que l’on peut justifier par beaucoup de rencontres, & même de ce que les Poètes dramatiques dont aucuns ont été Généraux d’Armée, jouaient quelquefois eux-mêmes le principal Personnage de leurs Pièces ; & s’ils ont été quelquefois maltraités à Rome après la mort des tyrans sous lesquels ils avaient servi, ce fut par maxime d’Etat, comme amis des mauvais Princes, & non par règle de Police, comme ennemis des bonnes mœurs. » [Prat. du Théât. par l’Abbé Daubignac, t. 1er p. 349.