Les Grecs, les Latins, et avec eux les Auteurs dramatiques de tout pays ont pensé que la vraie définition de la Comédie, c’est d’être une représentation qui nous fait voir nos faiblesses, comme dans un miroir ; qui nous découvre les illusions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes, et que la risée du Public nous fasse connaître combien nous sommes ridicules. […] Si, par le secours de la Prosopopée, la Comédie paraissait sur la Scène, et qu’elle nous parlait elle-même de sa naissance, de ses progrès et de sa décadence ; que de plaintes ne ferait-elle pas contre les Poètes dramatiques modernes ? […] Entre tous les genres de Poésie, celui qui demande particulièrement un talent naturel, et un génie supérieur, c’est la Poésie dramatique. […] Car, je le répète, tant que les Poèmes dramatiques resteront tels qu’ils sont aujourd’hui, ils pourront bien corriger en quelques points, mais ils feront plus de mal que de bien, ainsi que je l’ai remarqué dans l’examen de l’Avare de Molière.