Si on pouvait ainsi se prévaloir du silence de Jésus-Christ, on justifierait les combats sanglants des gladiateurs et quantité d’autres dérèglements qui régnaient alors dans le monde, et dont il parle aussi peu, sa mission était bornée au peuple Juif qui était demeuré dans sa première simplicité, et n’avait jamais été tenté d’imiter les Romains et les Grecs dans ces divertissements profanes, accoutumé dans son domestique à des plaisirs plus innocents et plus tranquilles, il ne leur enviait pas ces plaisirs aussi dangereux que tumultueux. […] Des gens qui n’ont proprement rien à faire depuis le matin jusqu’au soir, dont la vie est un cercle perpétuel de divertissement auxquels ils n’apportent d’autre interruption que celle qui est nécessaire pour éviter le dégoût, s’ils y tombent et si l’envie les saisit, c’est que nous ne sommes pas faits pour des biens frivoles et que nôtre cœur sera toujours dans l’agitation jusqu’à ce qu’il se repose pleinement en Dieu que son fond réclame sans cesse. […] Pour ceux qui ont un besoin réel et effectif de quelque divertissement, qu’ils en cherchent de convenables à la profession Chrétienne et à leur état particulier, car comme le besoin que nous avons de nourriture pour réparer ce que la chaleur naturelle consume et ce qui dépérit à tout moment, ne nous donne pas droit d’user de quelque aliment qui aurait des qualités malignes, et qui ne manquerait pas d’altérer nôtre tempérament, parce qu’il produirait un effet contraire à la fin que nous nous proposons, aussi la nécessité prétendue de se divertir n’autorisera jamais ces pernicieux passe-temps qui causent plus de ravages dans une âme, qu’une viande empoisonnée dans un corps, divertissez-vous à la bonne heure, mais comme des Saints, vous regardant en la présence de Dieu, lui offrant vos recréations, et les rapportant à sa gloire.