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372. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

On n’y fait plus aussi paraître de femmes toutes nues ; mais celles qu’on y fait paraître, n’y montrent encore que trop de leur nudité ; et leurs parures, leurs gestes, leurs allures mesurées, et toutes leurs autres manières étudiées sur le tendre, donnent à la vérité moins d’horreur, mais elles n’inspirent peut-être pas pour cela moins d’amour : et si on n’y commet plus les dernières infamies, on y tient au moins des discours, surtout dans les farces, qui en font assez imaginer. […] Comme si une belle femme n’était belle et n’allait à l’Eglise que pour exciter la passion d’un libertin, de même qu’une Comédienne n’est Comédienne, et ne monte sur le Théâtre que pour donner du plaisir à ses Spectateurs : comme si des Histoires muettes et qui racontent des événements d’une manière simple et naturelle, faisaient la même impression que des discours et des actions animées, qui expriment les passions avec toute la véhémence et tout l’art imaginable : et comme si l’Ecriture sainte enfin n’avait été dictée du Saint Esprit que pour induire et jeter les hommes dans l’erreur, de même qu’on ne compose des Comédies que pour les transporter dans le plaisir.

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