Après avoir donc dit à son ami que la femme qu’il doit prendre, dont il lui vante la vertu, ne sera pas sans doute à l’épreuve de toutes les attaques qu’on lui donnera dans le monde, qu’il ne l’aura pas plutôt menée lui-même à l’Opéra, qu’elle sera touchée de ces Spectacles, des Danses, des Chants, des Discours qui ne roulent que sur l’amour, et qu’enfin elle apprendra des Renaud et des Rolland : « ...Qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu'on ne saurait trop tôt se laisser enflammer Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de Morale lubrique, Que Lully réchauffa des sons de sa Musique. […] Cela peut-être, et j’avoue que comme la corruption de l’âme ne paraît pas toujours au dehors, et que d’ailleurs les hommes savent mieux cacher leurs désordres, ou qu’on les leur pardonne plus facilement et qu’on en est moins scandalisé ; j’en ai connu aussi bien que vous qui hors du Théâtre étaient ou paraissaient fort honnêtes gens, modérés dans leurs actions, châtiés dans leurs discours, aumôniers, officieux, ayant en un mot tout ce qui fait l’honnête homme selon le monde. […] Or que trouvez-vous dans tout ce discours plein de zèle, à la vérité, que je ne puisse avec raison adresser à tous ceux qui vont encore à la Comédie ?