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27. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Pour se convaincre que la Nature s’oppose à cette séparation, on peut essayer de prononcer un discours animé, avec les tons de la Passion, en restant immobile comme une statue, ou de faire seulement les gestes que demandent tous les mots de ce discours, en gardant un silence d’Harpocrate : quiconque voudra faire cette expérience, apprendra que malgré nous nos paroles suivent nos gestes, & nos gestes suivent nos paroles, comme le dit Quintilien, cùm ipsis vocibus naturaliter exeunt gestus … ipsa se cum gestu naturaliter fundit oratio. […] Les Peuples qui mesuroient leur discours sur la quantité des syllabes & des accens, avoient à l’harmonie une attention bien différente de la nôtre, & y étoient si sensibles, qu’ils sembloient ne demander (sur tout les Grecs) que le plaisir des oreilles. […] Il envie aux Grecs deux lettres, qui répandent, dit-il, l’amenité dans un discours, hilarior renidet oratio, parce que rien n’est plus doux, nullæ dulcius spirant. […] Le discours, selon lui, doit toujours obéir au plaisir de l’oreille. […] Ce Flutteur que l’Assemblée ne voyoit ni n’entendoit, n’accompagnoit pas tout le discours de l’Orateur, mais de tems en tems lui donnoit ses tons avec un instrument appellé dans Cicéron tonorium.

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