Platon , dit-il, a emporté le surnom de Divin, par un consentement universel qu’aucun n’a essayé de lui envier ; & les italiens, qui se vantent & avec raison d’avoir l’esprit éveillé & le discours plus sain que les autres nations, viennent d’en étrenner l’Arétin, auquel, sauf, une façon de parler bouffie & bouillonnée, des pointes ingénieuses à la vérité, mais recherchées de loin, & fantastiques, & outre l’éloquence, telle quelle puisse être, je ne vois pas qu’il y ait rien au-dessus des communs auteurs de son siecle : car tant s’en faut qu’il approche de cette ancienne divinité. […] Apollon lui présenta une corbeille pleine de couronnes : Je te donne celle de myrthe pour les discours que tu prêtes aux courtisannes, celle d’orties honorera tes satyres contre le Clergé, celle d’épines appartient à tes livres pieux, celle de fleurs est le prix de tes agréables comédies, le cyprès est pour les noms que tu dévoues à la mort, l’olive pour tes utiles exhortations, le laurier couronnera tes poësies héroïques, celle de chêne est due à ton courage. […] Il avoue, dans un grand discours sur l’amour, prononcé à l’Académie de Padoue, que l’amour est un poison : mais, dit-il, c’est un poison sucré. […] Son discours de réception est comme l’acte de contrition du Berger pénitent, ce fut un discours sur l’amour : ouvrage médiocre, imprimé avec mille autres futilités qui forment l’immense compilation de ses œuvres, en six volumes in-folio, où l’on a fort peu consulté les intérets de sa gloire ; car il n’y a gueres que son Aminthe & sa Jérusalem délivrée qui méritent l’impression ; tout le reste, en dévoilant les mysteres de son cœur & les foiblesses de son esprit, ne fait que dégrader cet homme célebre. Ce discours fut, dit-on, fort applaudi.