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386. (1674) Le Theâtre François pp. -284

L’Auguste Maître que Vous seruez est vn des Princes du monde les plus éclairez, il sçait admirablement l’art de connêtre les hommes, autant qu’il connoist le prix des choses, & il ne Vous honore particuliement de sa confidence, que parce qu’il est persuadé que Vous en estes tres digne, & que Vous le seruez auec vne entiere fidelité, & vn zele incomparable. […] Il me seroit glorieux de marcher sur leurs pas, & de pouuoir rendre mes sentimens sur cette matiere dignes d’estre leus ; mais je prens vne autre route, & ne me propose de traiter icy qu’vn sújet moral, qui ne regarde que l’vsage de la Comedie, le trauail des Autheurs, & la conduite des Comediens ; ce que ie reduis en vn petit corps d’histoire. […] Vous me marquez entre autres, qu’Alexandre qui faisoit estime des Lettres, ne trouua rien qui fust digne d’estre enfermé dans vn petit coffre de pierreries, deuenu le fruit de sa victoire apres la defaite de Darius, que l’Iliade de l’incomparable Homere ; & que si Thebes ne fut pas rasée apres auoir soûtenu long-temps l’effort de ses armes victorieuses, elle dût sa conseruation à la naissance qu’elle auoit donnée au Poëte Pindare, dont le souuenir estoit si cher à ce puissant Roy, qu’en faueur d’vn homme mort il fit grace à plus de cent mille qui craignoient qu’on ne leur ostast la vie.

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