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102. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Il l’aimoit avant de parvenir à l’Empire : nous ne demandons pas qu’il cesse d’être tendre ; qu’il se contente de ne pas contracter un hymen qui choque le préjugé Romain ; & si Berenice est digne de lui, elle sera la premiere à lui conseiller de conserver l’Empire. […] Qu’il faut être juste dans l’emploi des richesses ; qu’il ne les faut pas dérober à la societé ; que les enfans y ont une part légitime ; qu’en se concentrant, qu’en ensevelissant, pour ainsi dire, son ame dans son trésor, on se rend méprisable aux yeux même de ses enfans, auxquels on ne devroit inspirer que des sentimens de vénération & d’amour ; que ce n’est pas assez d’avoir contribué en machine aveugle à leur existence, pour exiger leur respect, il faut s’en rendre digne par ses vertus. […] Le but de la Comédie est de corriger les hommes ; & les honnêtes gens sont dignes de ses plus grands efforts. […] Voilà les mœurs respectables de ce peuple : voilà le digne fruit de l’extrême sévérité des loix de Lycurgue. […] Abjurons ce sentiment barbare plus digne des Huns & des Vandales que d’un siécle éclairé : ayons le courage d’estimer publiquement ce que nous approuvons en secret.

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