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73. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

Le Clergé ne doit donc jamais agir en ce qui concerne les pénalités qui auraient un effet civil, sans l’attache, sans l’assentiment de l’autorité séculière ; car, il faut en convenir, la France, en 1825, n’est pas la France du quatorzième et du quinzième siècle, et le prince étant le chef suprême de l’Etat, nulle autre autorité que la sienne ne peut infliger à ses sujets quelque peine que ce soit, surtout lorsque ces peines deviennent infamantes, et attirent sur ces mêmes citoyens le mépris et la vindicte publique, effets réels de l’excommunication. […] Pour apaiser la sévérité de M. l’archevêque de Rouen envers les fidèles que son mandement veut réprouver, en fulminant contre eux, et sans l’aveu du Gouvernement, une pénalité dont les effets deviendraient inévitablement civils, nous lui adresserons les propres paroles du garde des sceaux de Montholon 13 qui, au nom du roi et des Etats-Généraux de Blois, tenus le 16 octobre 1588, dit au clergé : Avant de chercher à réformer les autres, commencez par vous réformer vous-mêmes. […] En conséquence, les fidèles qui se trouvent frappés par le mandement de M. l’archevêque de Rouen, sont bien en droit de lui rappeler les obligations qui lui sont imposées à lui-même, par les propres lois qu’il veut appliquer aux autres : ainsi le magnifique palais qu’il habite dans sa ville archiépiscopale, ses hôtels somptueux à Paris, doivent se fermer, à la citation que nous lui faisons, et lorsqu’il se sera décidé à descendre dans un petit logis, près de l’église, à n’avoir que des meubles de vil prix, une table pauvre, et qu’il soutiendra, selon le canon du saint concile de Carthage, sa dignite, par sa foi, son abstinence et sa charité, alors il aura toute la raison imaginable de forcer les autres à suivre un code qui deviendrait alors obligatoire pour tous ; mais avant tout, il doit, ainsi que les évêques, ses vénérables collègues, donner l’exemple et observer la loi pour l’appliquer aux autres fidèles.

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