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470. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

C’est une étude de plaisir où nous devenons savants sans peine et sans mélancolie. […] ne trouva point de plus puissant remède pour chasser son Démon, que le luth : Ce pauvre Prince faisait compassion à tous ses amis ; car dans toutes les réjouissances de sa bonne fortune qui l’avait fait Roi, il était tourmenté d’un esprit malin qui le rendait de si mauvaise humeur qu’il devenait furieux, et sa furie le portait souvent jusqu’à la cruauté : il faisait aussi dangereux de se trouver devant lui pendant son accès que devant un lutin : il eût aussitôt tué son ami que son ennemi : Les fumées de sa rate qui lui montaient au cerveau, lui démontaient tellement la raison qu’il faisait armes de tout ce qu’il rencontrait pour se défaire de tous ceux qui étaient près de lui. […] Quelquefois elle fait venir sur le théâtre un amant passionné : mais elle en dépeint si naïvement toutes les bassesses et toutes les folies, qu’il est aisé de conclure que l’amour des femmes nous fait oublier que nous sommes hommes : Elle nous imprime l’horreur d’un plaisir, qui nous fait devenir bêtes : D’autres fois elle fait montre d’un vindicatif, qui se consomme et se ronge en de vains efforts, et qui pense avoir de grands avantages sur son ennemi, quand il s’est coupé un bras pour lui faire perdre un doigt : Elle le tourne et le retourne en tant de façons, qu’il n’est point de Spectateur quiab ne juge qu’il vaut mieux accorder un pardon, que de poursuivre une vengeance. […] C’est là où il se produit avec toute sa malignité : Comme il y va plus gros et qu’il y court plus vite, on y montre bien plus de chaleur, et parce qu’il est vrai que qui perd son bien perd la raison, ceux qui y ont du désavantage, en deviennent furieux et de petits démons. […] NDE jar (aussi jarre et jard) = les sables abandonnés par les rivières qui sont devenus des promenades (Littré).

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