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158. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

L’Eglise qui condamne l’immodestie, la vertu qui la redoute, le sage gouvernement qui la proscrit, la conscience timorée qui en a horreur, l’éducation honnête qui en éloigne, n’ont jamais eu en vue que la licence des femmes qui découvre autre chose que le visage & les mains, & devient de plus en plus répréhensible à mesure qu’elle dévoile davantage. […] ces allusions criminelles ne vérifient que trop le danger & le crime des indécences que je combats : la sainte Ecriture même devient dangereuse. […] C’est introduire la licence dans l’asyle de la pureté, & devenir tentatrices de celles qui quittèrent le siecle pour n’être point tentées, enlever à Dieu des cœurs qui lui furent consacrés, & rappeler au monde des vierges qui y ont renoncé, ébranler leur vocation, inspirer des regrets, affoiblir la pudeur, faire gémir sous le joug de la clôture & de la règle. […] Le prochain eût-il résisté à l’occasion, on est inexcusable de l’avoir mise : il est innocent, mais vous êtes coupable ; il n’a pas tenu à vous qu’il ne le devînt : Et si culpâ vacas invidiâ non liberaberis. […] Elles vous font aujourd’hui des amans, elles vous feront un jour des bourreaux, lorsque damnés avec vous, & par vous, ils vous reprocheront à jamais les coups mortels que vous portâtes à leurs ames, & que transportés de rage ils vous maudiront, vous déchireront, vous fouleront aux pieds, & que ces mêmes membres, ce même corps qui ont été l’instrument de la lubricité & le théatre du scandale, deviendront le théatre & l’instrument du supplice : Per quæ peccavit, per hæc punietur.

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