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112. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

N’est-il pas vrai que cette Poësie imite les Hommes en tant qu’ils font des actions ou forcées ou volontaires, & qu’il deviennent heureux ou malheureux, à ce qui leur semble, par ces actions ; je veux dire qu’il leur en arrive d’être ou dans la joie ou dans la tristesse ? […] Quand il dit que l’exemple d’un méchant qui devient heureux, est opposé au but de la Tragédie, il devroit naturellement ajouter, parce que cet exemple est contraire aux bonnes mœurs. […] C’est ce que dit Aristote pour prouver qu’un méchant qui devient malheureux n’excite ni Crainte ni Pitié : sa Réflexion est véritable ; mais ne devoit-il pas aussi ajouter, que cependant cet exemple est très utile pour les mœurs ? […] La Tragédie, dont la fin est d’exciter deux Passions qui peuvent rendre les hommes meilleurs, ne devient dangereuse que par la faute des Poëtes, & la nature des Représentations. […] Euripide qui n’a pas besoin d’elle sur le Théâtre, n’en parle plus, & le Spectateur ignore ce qu’est devenue cette détestable femme, plus coupable encore par le silence qu’elle a gardé, que par les affreuses maximes qu’elle a débitées.

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