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86. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Il fait consister son embarras, en ce que « d’un côté il se sent accablé d’un torrent de passages des Conciles et des Pères, qui depuis le premier jusqu’au dernier ont fulminé contre la Comédie, et que de l’autre il ne saurait lire les Scolastiques modernes qui font grâce à la Comédie, sans se laisser adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force de leur autorité ». […] On n’y fait plus aussi paraître de femmes toutes nues ; mais celles qu’on y fait paraître, n’y montrent encore que trop de leur nudité ; et leurs parures, leurs gestes, leurs allures mesurées, et toutes leurs autres manières étudiées sur le tendre, donnent à la vérité moins d’horreur, mais elles n’inspirent peut-être pas pour cela moins d’amour : et si on n’y commet plus les dernières infamies, on y tient au moins des discours, surtout dans les farces, qui en font assez imaginer. […] Mais Tertullien poursuit, et il fait une triste peinture des Spectacles qui suivront le Jugement dernier ; et c’est là que les Comédiens feront leur personnage. […] Et pour marque que ce grand Prélat n’approuve point par sa conduite ce qu’il condamne si formellement dans son Rituel, il n’y a qu’à se souvenir de la manière dont il en usa à l’égard d’un célèbre Comédien, dont une mort funeste arrivée sur le Théâtre, fut la catastrophe terrible de sa dernière Pièce, et qu’il ne voulut être inhumé que la nuit, et à la façon des Huguenots, nonobstant toutes les sollicitations qui lui furent faites alors. […] L’Eglise de France a l’honneur d’avoir toujours été très religieuse en ce point : on le verra en lisant les derniers Conciles Provinciaux qui ont été tenus en France ; et entre autres le Concile de Paris de 1557, celui de Reims de 1583, et celui de Tours de la même année.

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