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95. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

La profession des comédiens n’est qu’un égoisme perpétuel : monter sur un théatre, c’est parler de soi sous le masque, étaler ses graces, ses talens, son geste, sa danse, à la faveur d’un rôle : on est plus occupé de soi-même que du héros qu’on représente ; la Dubois, la Hus, &c. se montrent plus que Phedre, Angélique, Armide, &c. […] Le bal ou la danse sont très-longs ; on danse sans interruption & sans ordre, tout le monde à la fois, la danse qui leur plaît : ce cahos désagréable aux étrangers est en Pologne un grand plaisir. Le nom de de la ville de Dantzick vient de l’allemand dant zen, qui signifie danse, & d’où peut-être le nom de danse nous est venu ; parce que quand on l’a bâtie, des paysans qui s’assembloient dans cet endroit pour danser, demanderent cette place pour bâtir un village, à l’Evêque du lieu à qui elle appartenoit. Ce Prélat qui aimoit la danse leur accorda autant de terrein qu’ils en pourroient entourer en se tenant par la main & dansant en rond. […] Il pourroit bien être de l’invention du voyageur poëte, qui a substitué la danse & l’Evêque au cuir de bœuf.

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