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82. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Raisonnement ridicule ; faux dans le fait, le théatre n’est point épuré ; faux dans la conséquence, les discours licencieux, les seuls dont on dit qu’il est corrigé, fussent-ils réellement suprimés, il n’en seroit pas moins dangereux. […] Est-il quelqu’un dans le monde qui puisse se dissimuler que le spectacle est au moins mi-parti de bien & de mal, de bonne & de mauvaise compagnie, de bons & de mauvais exemples, d’objets édifians & d’objets dangereux ? […] Dans les principes de la religion & de la vertu on appelle licencieux, on craint comme dangereux, tout discours qui fait naître des idées impures, quoique voilé de termes équivoques, à moins que la nécessité n’oblige à les tenir, comme les Médecins, les Confesseurs, &c. […] Nos théatres, par ce seul endroit, sont mille fois plus dangereux que les Payens avec toute leur prétendue licence, Les Communautés & les Collèges ne souffrirent jamais ce mélange dans leurs pieces ; les seuls Écoliers, les seules Pensionnaires paroissent sur la scène. […] Quelle tournure à donner à l’esprit des filles, que de leur inspirer le goût du théatre, qu’on devroit leur faire craindre comme l’écueil le plus dangereux de la vertu !

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