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359. (1647) Traité des théâtres pp. -

Il faut donc reconnaître là un très dangereux artifice du Diable, qui s’est avisé de ce subtil moyen d’épandre son plus noir venin, faisant dire impunément dessus le Théâtre, ce qui ailleurs serait puni de mille gibets et de mille roues. […] Ceux donc qui conduisent ou envoient là leurs filles, les remettent à de mauvais Maîtres, et les adressent à une école très dangereuse. […] Et de vrai, avec toute cette belle réformation dont on nous parle, Si on considère les Comédies données au jour, et qu’on met entre les repurgées, encore qu’il n’y ait pas des mots sales, ni des expressions qui fassent rougir, la matière en soi a le même reproche que celles du passé, qu’on confesse dissolues, et n’y a de différence, sinon que le venin est présenté sous une viande mieux apprêtée, ce qui le rend dangereux au double. […] Mais d’ailleurs, nous les avertissons qu’à des Esprits tels qu’ils se décrivent, et qui sont atteints de mélancolie, les Théâtres sont parfois très dangereux, et capables, au lieu de les soulager, de blesser tout a fait leur imagination ; à savoir lorsqu’on y représente quelque chose de tragique. […] Nous avons montré le mal qu’il y a ès Théâtres à le considérer en eux, à savoir un reste de l’ancienne Idolâtrie à laquelle ils doivent leur origine, perte de temps, argent mal employé, des feintes mensongères et des déguisements condamnables, entre ces feintes quelques-unes qui sont horribles, et coupables d’une énorme impiété : Surtout, une Ecole dangereuse pour y apprendre la lasciveté et toute corruption de mœurs, 2.

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